La Juive

Fromental Halévy.

La Juive est un opéra en cinq actes de Fromental Halévy, sur un livret original d'Eugène Scribe[1] créé à l'Académie royale de musique (salle Le Peletier) le [1] sous la direction de François-Antoine Habeneck.

Lithographie de la soprano Madeleine Nottes dans le rôle de Recha dans l'opéra "La Juive", 1858, dans la collection du Musée Juif de Suisse.  

L'opéra est composé sur un livret d'Eugène Scribe. L'action se situe lors du concile de Constance en 1414. Elle met en scène la descente aux enfers et la condamnation au bûcher d'un orfèvre juif, Eléazar et de sa fille Rachel, dont on apprendra qu'elle n'est en fait que sa fille adoptive, qui se trouve séduite et abandonnée par un prince chrétien vainqueur des Hussites, Léopold, par ailleurs marié à la princesse Eudoxie, nièce de l'empereur. Le camp catholique est représenté par un puissant ecclésiastique, le cardinal de Brogni qui, plutôt bien intentionné, ne parvient pas à sauver ceux que, pour des motifs parfaitement dérisoires le Concile a condamnés.

La Juive est l'une des œuvres les plus représentatives du « grand opéra à la française »[2]. Son livret répond à l'esthétique alors en vogue à l'Opéra de Paris, où l'œuvre fut créée : une action en cinq actes présentant des situations spectaculaires (ici le concile de Constance de 1414) susceptibles de donner lieu à des mises en scène fastueuses, un sujet traitant de grandes passions, alliées à de puissants intérêts historiques, la possibilité d'inclure de grands chœurs et un ballet dans des décors variés et au milieu de nombreux effets spéciaux et figurants.

Sur le plan musical, La Juive est surtout connue pour l'air « Rachel, quand du Seigneur[3] », écrit spécialement pour le ténor Adolphe Nourrit qui interprétait le rôle d'Éléazar, et l'air du cardinal Brogni « Si la rigueur et la vengeance... », souvent interprété en concert. Le rôle de Rachel, sa fille, était interprétée par Cornélie Falcon.

Par la suite, l'œuvre a été représentée près de 600 fois à l'Opéra. C'est La Juive qui a inauguré les représentations publiques du palais Garnier, le . Elle a été représentée avec succès en France et dans le monde jusque dans les années 1930 où l'œuvre a disparu de l'affiche[4]. Elle n'a plus été jouée à Paris entre le et 2007, année de sa reprise à l'Opéra de Paris.

  1. a et b François-René Tranchefort, L'Opéra, Paris, Éditions du Seuil, , 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 171
  2. Gustav Kobbé, Tout l'opéra de Monteverdi à nos jours, p. 487.
  3. On trouve chez Proust un écho du succès de cet air : dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs, le narrateur à qui l'on présente une jeune prostituée juive nommée Rachel la surnomme aussitôt "Rachel quand du seigneur". Il s'étonnera de la retrouver ensuite devenue la maîtresse adulée de son riche ami Robert de Saint-Loup puis beaucoup plus tard, actrice célèbre et vieillie, invitée chez la princesse de Guermantes. Rachel "quand du seigneur" est un personnage récurrent de l'œuvre.- « La patronne qui ne connaissait pas l’opéra d’Halévy ignorait pourquoi j’avais pris l’habitude de dire : « Rachel quand du Seigneur ». Mais ne pas la comprendre n’a jamais fait trouver une plaisanterie moins drôle et c’est chaque fois en riant de tout son cœur qu’elle me disait : — Alors, ce n’est pas encore pour ce soir que je vous unis à « Rachel quand du Seigneur » ? Comment dites-vous cela : « Rachel quand du Seigneur ! » Ah ! ça c'est très bien trouvé »
  4. Roland Mancini, Guide de l'opéra, p. 409

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